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Jouer la dynamique de groupe

Le club Agrosol de Vivescia, qui compte 400 adhérents, accompagne les agriculteurs en ACS depuis maintenant quinze ans.

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Il est 14 h ce lundi 17 juin, à Saint-Léger-sous-Brienne dans l’Aube, un groupe d’agriculteurs s’est rassemblé à l’ombre d’un hangar. « Aujourd’hui, pour ce tour de plaine, Adrien et son père, Didier, nous accueillent sur leur exploitation », explique Jean-Luc Forrler.

Ce tour de plaine est le dernier avant la moisson pour le groupe briennois du club Agrosol de Vivescia. Créé par Nouricia il y a quinze ans, le club regroupe aujourd’hui quelque 400 agriculteurs répartis en 20 groupes. Jean-Luc Forrler, longtemps spécialiste de l’ACS à la chambre d’agri­culture de Moselle, en assure l’animation. Il a rejoint Vivescia le 29 août 2016, « une date facile à retenir, après la campagne plus que chaotique que l’on a connue cette année-là ! », s’exclame-t-il. « Le club s’est fortement développé depuis l’arrivée de Jean-Luc », analyse Bertrand Patenôtre, agriculteur engagé dans le club depuis sa création. En effet, en 2004, il ne comptait qu’une centaine d’agriculteurs et, surtout, il n’y avait qu’un seul groupe pour tout le territoire de la coopérative.

« Un accompagnement massif »

« Certains agriculteurs faisaient plus de 200 km pour suivre les tours de plaine. On a décidé de se rapprocher d’eux, et il fallait augmenter le nombre de participants, détaille Jean-Luc Forrler. Aujourd’hui, avec 400 agriculteurs, on peut dire qu’on est arrivé à un accompagnement massif. »

Après un rapide topo sur le programme de l’après-midi et une présentation de l’exploitation, le fameux « quart d’heure agricole », les derniers retardataires se joignent au groupe. Première étape, une parcelle de blé infestée de vulpins et de bromes pour évoquer la problématique de la gestion des graminées. « On fait de la double culture, fourrage et blé, ça devrait pouvoir se valoriser ! », blague un jeune agriculteur dans la même situation. « La première chose est de ne plus du tout travailler le sol, sauf si un autre paramètre, comme les campagnols, vous y oblige », explique Jean-Luc Forrler. Le faux semis est vite exclu des possibilités. « À part manger du fioul, ça ne sert à rien, j’en suis convaincu maintenant », commente l’un des agriculteurs. Deuxième clé de la réussite, le couvert. « Un couvert qui couvre, ça règle pas mal de problèmes. Il faut soigner vos couverts, mettez-vous ça dans la tête ! Dans votre moissonneuse, vous devez déjà y penser. La vraie campagne commence juste après la moisson », ajoute-t-il. S’ensuivent des précisions sur le trèfle pour les couverts et des conseils pour le désherbage. « Vous aurez tout dans le tableau de bord que je vais vous envoyer pour être sûr de ne pas faire d’erreur, conclut-il. Mais avec du sérieux sur l’exploitation, et sans mettre plus de chimie, vous devriez vous en sortir. Il faut se retourner la tête et repenser son système ! »

« Il faut sauver le colza ! »

Prochain arrêt, le colza. « Bravo pour ton colza », complimente Jean-Luc Forrler. « C’est la méthode Forrler », s’amuse Adrien, l’agriculteur. « Le colza est une culture en voie de disparition, si on ne fait rien et qu’on ne change pas le mode de culture, il aura disparu d’ici trois ou quatre ans », explique l’animateur. La pression de la grosse altise est notamment dans la ligne de mire. « C’est un insecte sédentaire, il est là et il restera là ! J’ai vu un agriculteur qui, après neuf insecticides, a dû retourner sa parcelle ! » Le prochain tour de plaine aura lieu après les semis, le sujet était donc primordial car, avant tout, « un colza bien implanté est un colza résilient ».

Premier levier, l’association. « Si vous soignez l’implantation des plantes que vous associez, elles vous rendront les services que vous souhaitez. » D’ailleurs, la coopérative mène des essais sur les meilleures variétés en fonction de l’associé. Mais l’association ne suffit pas, il faut également avancer la date de semis du colza, de 15 jours pour Vivescia. Derrière cela, la « vraie théorie climatique » et un réel risque de manque d’eau à partir du 18 août et jusqu’à fin septembre. L’optimum de semis se situe entre le 8 et le 10 août. « Systématiquement, quand on va chez un gars qui a semé avant le 10 août, il y a du colza ! Et si votre père vous dit quelque chose, vous n’avez qu’à lui répondre que c’est Vivescia qui a pris la décision », sourit l’animateur.

Le sujet des effets variétaux a également été abordé, notamment de la précocité. « Je sème un mélange de colza avec 5 % d’ultraprécoce, tu en penses quoi ? », questionne l’un des producteurs. Et pour conclure cette étape colza, un point désherbage avec la présentation, grâce à un poster, du nouveau produit Belkar. « Tout le monde n’a pas besoin de ce produit, mais si vous êtes dans une situation problématique, n’hésitez pas à l’utiliser », nuance Jean-Luc Forrler.

Troisième et dernière étape, le tournesol, « une des cultures les plus difficiles à réussir en ACS, mais tu t’es bien débrouillé ! Beaucoup de personnes abandonnent cette culture, je suis content de voir un jeune qui persiste », félicite Jean-Luc Forrler. Sur cette parcelle, l’agriculteur a réalisé différentes bandes pour tester plusieurs modalités de semis, avec un ou deux binages.

Conseils techniques, interrogations, anecdotes et partage d’expériences auront rythmé cet après-midi ensoleillé. Le mot de la fin sera pour l’animateur. « Bonne moisson, on se retrouve en septembre et je vous préviens, je veux avoir à mettre mes bottes dans vos couverts ! »

© Gutner - « Vous avez toute une flopée de leviers pour lutter contre les graminées », explique Jean-Luc Forrler, brome à la main, à un public captivé.

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